Alors je ne pourrai pas vous raconter le tournage du Germinal de Claude Berri (car en 1992, j’étais trop petite) mais je peux vous parler de celui de la nouvelle version adaptée pour le petit écran, disponible en fin d’année sur France 2.
Vous l’avez compris, j’ai eu la chance inouïe d’assister au tournage de cette mini-série, au Centre Historique Minier à Lewarde et, croyez-moi, j’en ai pris plein les mirettes !
Donc si vous avez quelques minutes, laissez-moi vous raconter cette matinée extraordinaire du vendredi 12 février 2021.
Le commencement
À peine un pied sur le parking de ce lieu chargé d’histoire, tout laisse à penser qu’on est sur un site de production. Grues, tentes, câbles au sol… le décor est presque déjà planté. Soudain, un puissant cri de rage, de colère éclate et résonne dans toute l’enceinte extérieure du musée !
« Ça y est, le tournage a commencé ! » me dis-je. Un sentiment d’excitation s’empare aussitôt de moi.
Quelques minutes plus tard, la conférence de presse débute en compagnie d’une partie de l’équipe du Centre et de Nicolas Trabaud, le directeur de production de la série.
Ce dernier explique à l’assemblée que cette nouvelle version est moderne, ambitieuse de par son format (6 épisodes de 52 minutes), son esthétique, sa réalisation mais aussi de par sa narration. « Un format très judicieux qui permet de développer les personnages en profondeur à l’image du roman de Zola » poursuit Nicolas.
(Je ne peux pas tout vous dévoiler, mais si vous aimez des séries type Peaky Blinders ou Boardwalk Empire, vous allez adorer la série Germinal !)
Lewarde, un lieu de tournage au départ pas si simple
« À l’instar du film de Berri, une grosse partie du tournage s’est déroulée sur les sites de Wallers-Arenberg et de Oignies » nous explique Nicolas.
Le Centre Historique Minier étant un musée et donc accessible au public, il était impossible d’envisager un tournage à la fosse Delloye. Et, le hasard fait parfois bien les choses vous le savez ; risque technique au 9-9bis + musée fermé au public (en raison de la pandémie COVID-19) = opportunité de tourner à Lewarde. L’équipe a donc investi, durant 5 jours, une salle inexploitée du puits n° 1 et a pu continuer le tournage.
C’était une chance inespérée de pouvoir tourner à Lewarde ! – Nicolas Trabaud
Pour vous donner quelques chiffres, le Germinal de 2021 c’est :
- 73 jours de tournage (Hauts-de-France et Belgique)
- 6 épisodes de 52 minutes
- 59 rôles dont 20 principaux
- 2400 figurants (95% sont issus de la région)
- Des centaines de costumes et d’accessoires
- Des kilomètres d’archives utilisées
- Des équipes passionnées
Silence plateau. Action !
Une fois la conférence terminée, il est temps d’aller sur le plateau. Après quelques montées d’escaliers et quelques enjambées, Nicolas nous emmène sur la passerelle, entre les deux puits, où se passe une partie de l’action. Gros projecteur de lumière en direction des acteurs, là j’aperçois au loin Alix Poisson (La Maheude), Thierry Godart (Maheu) et Louis Peres (Etienne Lantier) en pleine répétition. Le silence est de rigueur.
Tout est impressionnant ! La lumière, l’effervescence des acteurs, le maquillage, les costumes, tout !
Histoire de ne pas les déconcentrer, nous redescendons à l’étage inférieur observer les techniciens au retour image. Très concentrés, ils analysent les prises de vue de la caméra permettant notamment au réalisateur de relire les scènes en direct ou ultérieurement.
Les retours vidéo sont également très importants pour les maquilleurs qui doivent être à l’affût du moindre défaut, de la moindre incohérence chez les acteurs et de les corriger le cas échéant. Fascinant !
Maintenant les choses sérieuses commencent. On monte un escalier, le réalisateur David Hourrègue annonce la fin de la scène et on arrive sur le plateau.
Les yeux des figurants sont braqués sur nous. Plusieurs émotions s’entremêlent, l’énergie est enivrante, électrisante. Je n’ai qu’une seule envie, tout immortaliser sur l’appareil pour tout garder en mémoire. Mais ça va trop vite. Le temps de prendre une photo des figurants que les caméramans, les perchistes ou les acteurs sont déjà passés de l’autre côté du plateau pour tourner un autre plan.
Deux figurants prenant la pose – crédit : COT_Lisa Morel Des figurants répétant leur scène (ou presque) – crédit : COT_Lisa Morel
Ça va trop vite mais en même temps, j’ai cette sensation que le temps s’arrête et c’est presque irréel.
Mais ce n’est pas fini. Nicolas nous indique de se mettre au fond du plateau, derrière le réalisateur, afin d’assister au tournage d’une séquence. On s’exécute avec ardeur et on laisse la magie du cinéma opérer. Et tout ce que vous pouvez imaginer est bien là : le clap, le « Silence plateau. Moteur. Action », les caméras, les fausses bagarres des acteurs etc… Bref, à ce moment précis, je vous assure que l’émotion est à son paroxysme.
L’envie de rester là, à observer les moindres gestes, techniques est plus que palpable mais le tour n’est pas terminé.
Le sens du détail
Comme toute production historique réussie, le sens du détail est primordial pour coller au plus près de la réalité. Et c’est grâce notamment à la cheffe déco Isabelle Quillard et à l’équipe des costumes qui ont travaillé (pendant de longs mois) avec les archivistes du Centre, que le téléspectateur va pouvoir plonger dans cette époque du XIXe.
Anecdote :
David Hourrègue a intégré du vrai charbon au décor, toujours dans cette optique de coller au plus près de l’histoire et de la réalité.
La visite s’achève justement par le restaurant du musée, transformé à l’occasion en immense « entrepôt » pour stocker les costumes, les chaussures, les accessoires…
Une vraie caverne d’Ali Baba !
Les costumes, un élément crucial pour transporter le téléspectateur vers l’époque du récit – crédit : COT_Lisa Morel La bottine à lacet, un classique encore à la mode – crédit : COT_Lisa Morel Des costumes à perte de vue exposés au Briquet – crédit : COT_Lisa Morel La barrette ou le fameux casque de mineur – crédit : COT_Lisa Morel
La difficulté est de coller le site de tournage à l’époque et de gommer au maximum les éventuels anachronismes pour être au plus juste de la réalité – Nicolas Trabaud
Si je devais conclure, assister à ce tournage de Germinal fut très émouvant, très grisant, hyper fascinant (et beaucoup d’autres adjectifs en -ant) et je peux d’ores et déjà vous révéler un secret :
La série Germinal ça va être du lourd, du très lourd même !
Lisa, votre narratrice passionnée de cinéma.