Est-ce la dureté infinie du labeur dans les galeries, est-ce ce melting pot, mélange de 29 nationalités ou plus encore est-ce cette obligation de solidarité pour résister et combattre injustices et maladies professionnelles ?
Toujours est-il que c’est bien dans le Nord et dans le Bassin minier que le mot Solidarité prend tout son sens… Petite exploration de cette histoire d’hommes….
29 nationalités pour une histoire commune
29 nationalités ! 29 pays que l’on a quittés, 29 traditions, autant de langues et de coutumes pour former au fil des siècles, de 1720 à 1990, une communauté mosaïque de mineurs pour extraire des milliers de tonnes de charbon. 29 nationalités et des milliers d’histoires individuelles. Les Belges furent les premiers, même si la Belgique n’existait pas encore. Les plus nombreux furent les Italiens, les Polonais, les Algériens et les Marocains.
Des milliers de Polonais ont quitté leur pays dès 1910, après les accords entre les deux nations, pour venir chercher ici ce qu’ils n’avaient trouvé chez eux. Des bateaux entiers de jeunes gens, hommes et femmes, pour travailler ici, dans le noir du charbon et la poussière des galeries.
Des Algériens, des Marocains recrutés dans le « bled », à qui l’on faisait miroiter un ailleurs plus riche et plus libre.
Des traditions encore très vivantes
Pourtant, beaucoup sont restés et se sont attachés à cette terre noire. Alors les traditions et les coutumes propres à chacun se sont installées, comme pour faire vivre la mémoire d’antan, pour le souvenir des racines.
On trouve encore en Cœur d’Ostrevent des messes en polonais. On y trouve surtout une gastronomie tellement ancienne que les plus jeunes ne savent plus vraiment si ces « plenze » ou ces « bigos » sont originaires du Nord ou de Pologne.
Dans chaque jardin, chacun cultivait un jardin pour manger, pour vivre un peu au grand air. Et les jardins sont devenus lieux des cultures nationales, forcément. Ici de la menthe, pour ce thé sucré et brûlant. Là des choux qui deviendront chou farci à la polonaise. Partout un peu de ses racines, au sens propre, pour transmettre et ne rien oublier.
C’est peu de dire que le travail était dur, indescriptiblement dur. Le travail comme la vie. Dès 1920, les accords entre la France et la Pologne sont rompus… et c’est dans le sens inverse que des milliers de mineurs ont dû faire le chemin inverse, vers un retour en Pologne subi et difficile. Au même titre que toutes ces populations venues en France dans les années 50 et qui ont participé courageusement à la reconstruction industrielle de notre pays.
Des combats et des luttes qui ont façonné notre histoire
Pourtant, comme pour faire face à ces difficultés, de vraies communautés ont vu le jour pour vivre, pour survivre.
Communautés d’entraide et souvent communautés de combat. Oui, nous devons tous aux mineurs des années 40, 50 et 60 et à leurs grandes grèves d’avoir bâti le socle de notre système social. Droit à la santé, reconnaissance des maladies professionnelles, retraites… Les mineurs ont souvent été en avance sur d’autres métiers. Sans doute un mélange indicible de solidarité sincère et de difficultés extrêmes.
Partout, en Coeur d’Ostrevent, vous trouverez les traces indicibles de ces cultures et de ces origines. Des noms propres, des prénoms, un accent encore quelquefois.
Le Nord est terre de solidarité, Cœur d’Ostrevent l’est tout particulièrement. C’est sûrement le beau legs que ces 29 nationalités réunies ont transmis à notre terre.